Ce livre, qui englobe les souvenirs d'un quart de siècle, a été composé d'une façon assez inattendue. Le premier chapitre en fut écrit, il y a près d'un an, au monastère d'Hautecombe où, comme le raconte mon précédent volume : Dans la lumière d'Ars, je faisais une retraite de six semaines. C'était alors un article qu'une revue publia et auquel je ne songeais pas à donner une suite.
Mais quand il eut paru, plusieurs personnes me dirent ou m'écrivirent qu'il y aurait intérêt à en corroborer la signification par d'autres études sur les milieux occultistes, politiques et littéraires où me conduisirent les péripéties d'une existence passablement mouvementée.
À la réflexion, le projet me plut d'autant qu'il me permettait d'esquisser quelques aspects d'une société troublée où la plupart de nos contemporains font l'effet d'un troupeau sans berger, piétinant au hasard parmi des ruines, fuyant le bercail que leur ouvre l'Église, broutant avec avidité les euphorbes et les aconits de l'individualisme ou de l'humanitairerie.
J'ai donc peint quelques uns des prototypes de ces aberrations.
J'ai montré des révolutionnaires à l'oeuvre soit comme théoriciens, soit comme émeutiers, soit comme assassins. J'ai dénoncé les efforts de la Gnose pour fausser le sentiment religieux dans maintes âmes en désarroi. J'ai analysé le désordre et la corruption du goût produits par l'invasion des Juifs de Pologne et d'Allemagne dans notre littérature.