« Couchée sur la civière trop étroite de la salle B depuis des heures, j'attends des explications. C'est la cinquième fois ce mois-ci que je me retrouve aux urgences de l'hôpital de Matane. Cinq fois que je ne suis pas capable de reprendre mon souffle toute seule. Cinq fois que mon cœur s'emballe sans raison.
Chaque fois, je dois tout arrêter et m'accroupir, au risque de perdre connaissance. Si, au moins, je pouvais vraiment m'évanouir je n'aurais pas l'impression de toujours mourir devant plein de monde et de passer pour une maudite folle. Je serais alors malade pour vrai et on me croirait quand je dis que ça ne va pas pantoute.
La forte odeur du désinfectant me pogne à la gorge. Si le concierge avait voulu masquer la puanteur du sang, de la pisse et de la gastro avec son poush-poush à l'orange, malheureusement pour lui, c'était raté. La pièce tourne tellement, j'ai juste le goût de vomir ma vie. Les yeux fermés, c'est encore pire, donc je fixe le plafond et j'attends qu'on m'explique.
Parce qu'il doit forcément y avoir une explication. »