On le lira de plus en plus et on délaissera les grands noms gonflés de vent de ses ainés qui acceptèrent la pourriture : Ezra Pound. «Crevel, écrivait André Breton en 1952 dans ses Entretiens, avec ce beau regard d'adolescent que nous gardent quelques photographies, les séductions qu'il exerce, les craintes et les bravades aussi promptes à s'éveiller en lui à travers tout cela c'est l'angoisse qui domine. Il est d'ailleurs psychologiquement très complexe, contrecarré dans une sorte de frénésie qui le possède par son amour du XVIIIe et particulièrement de Diderot. » « Né révolté comme d'autres naissent avec les yeux bleus» écrira Philippe Soupault. René Crevel vient d'apprendre, qu'il souffrait d'une tuberculose rénale alors qu'il se croyait guéri. La nuit suivante, il se suicide au gaz dans son appartement, après avoir griffonné sur un papier « Prière de m'incinérer. Dégoût ». Klaus Mann qui fut un ami proche résuma dans son livre Le Tournant Il se suicida parce qu'il avait peur de la démence, il se suicida parce qu'il tenait le monde pour dément.
Résumé
" Femme couronnée de paille naturelle, il faut renoncer au bleu de la tendresse, au rouge du désir, au jaune de la joie, et même au mauve de la fatigue. Sur les quais, les tonneaux, lentement, perdent leur parfum feutré de géranium. Terre insensible, heure vide, Babylone, après les cris, les morsures, c'est grand silence. Une digue continue dans la mer ce sol charnel, ce grand corps de continent que l'insolation divinise. Une femme, une ville luttent d'indifférence. "