Sur le pas-de-porte du manoir, le grand Grégoire converse avec une très, très belle femme. Grande, crinière blonde, très beau châssis monté sur « échasses », la demoiselle a des arguments pour communiquer avec efficacité. Peut-être un peu trop voyante, mais bon, certains aiment bien.
Le milieu dans lequel évolue cette histoire, c'est la campagne du Sud-ouest. Une campagne ou flotte toujours un soupçon de calme et de sérénité. Une campagne encore accrochée à ses clichés d'hier, où l'on veut vivre comme avant, mais avec le modernisme et les contraintes d'aujourd'hui. Une campagne du IIIe millénaire, avec Internet, le portable et même le GPS. Une campagne souvent incomprise, en proie aux doutes.
Ici, à Saint-Jean/Automne, la situation est encore plus alambiquée. En quelques mois et grâce au curé, le père Deslandes, le bourg a acquis une notoriété certaine, et même durant l'hiver, quantité de touristes font le détour. Cette célébrité soudaine a aussi eu pour effet de faire gonfler le nombre d'étrangers voulant y résider. Pour les habitants, c'est selon. Pour ceux qui pensent n'avoir rien à gagner (sinon des em), le coupable est tout trouvé. Un curé, c'est fait pour dire la messe, célébrer les mariages, les baptêmes et enterrer les morts, pas pour faire du commerce à l'ancienne. Pour d'autres, les plus éclairés (enfin peut-être), ceux qui ont un peu, ou beaucoup à gagner, le curé est le sauveur. C'est celui qui a montré la voie. Une lumière peut-être divine est apparue dans le ciel de notre magnifique Sud-ouest, et notre saint homme a su trouver le premier « l'interrupteur ».
Je fais les présentations. D'abord, les Beaumont, de la ferme du Bouscarot. Moi, Martial, le fils, et le narrateur, Amélie ma maman, et Marcel, mon papa. Ensuite, viennent tous les autres, les bons, les méchants, les pas très futés, les ni trop bons ni trop méchants. L'étranger qui s'installe sans bruit, et ceux qui le tolère du bout des lèvres. L'étranger qui s'impose, et ceux qui le rabrouent.
Après les Anglais, les Américains, les Chinois, c'est au tour des Russes de squatter notre village. Mais lorsque les bons français s'y mettent, escroqueries en tout genre, meurtres, l'étalage du savoir-faire en matière de grande délinquance, n'a de leçon à recevoir de personne.