En finira-t-on jamais avec le prolétaire ? L'homme déraciné, aliéné, exploité, dont Marx annonçait la disparition dans la future cité communiste, hante toujours la société mondiale. L'homme dépossédé de lui-même, et au nom de qui toutes les révolutions du siècle ont eu lieu, n'a pas disparu, loin s'en faut. Il s'est multiplié au point que le monde entier le tiers monde ! se prolétarise sans cesse, au sens strict où l'entendait l'auteur du Capital. Jacques Ellul propose ici une analyse totalement subversive. D'une certaine manière, elle prend Marx au mot ! Le prolétariat, affirme-t-il, n'a pas été un produit du seul capitalisme, mais bien de la société industrielle elle-même. Ainsi, la révolution soviétique, la voie chinoise, tout comme l'évolution du tiers monde, aboutissent au rebours de leurs intentions proclamées à la création d'un immense prolétariat mondial. Toutes les révolutions ont échoué. Toutes, au-delà des discours et des idéologies, ont cédé à la fatalité industrielle et technicienne du capitalisme qu'elles entendaient combattre. Et pourtant, en ce début des années quatre-vingts, la première vraie révolution devient possible. Une extraordinaire conjonction de facteurs historiques et technologiques rend vraisemblable une rupture politique infiniment plus radicale que tout ce que les idéologies ont jusqu'alors envisagé. Pour quelles raisons ? À quelles conditions ? Serions-nous encore capables d'une véritable espérance révolutionnaire ?