Pourquoi, comment, devient-on antiplatonicien ? A l'évidence, en s'opposant au platonisme, d'emblée le problème se complique, car il n'est pas certain après tout que Platon, si obstinément absent de ses propres dialogues, si délibérément anonyme, ait été platonicien. Comment s'opposer à qui ne parle jamais en son nom, pourquoi réfuter une doctrine que son auteur n'a jamais présentée comme telle ni revendiquée comme sienne et dont le sens semble pouvoir être librement élaboré par les adversaires du moment et pour les besoins de leur cause ? En quoi le platonisme autorise-t-il ces attaques globales et parfois étrangement violentes ? Peut-être est-ce parce que chaque époque croit y déceler ce qu'elle tient pour la forme extrême de la démesure et de l'orgueil philosophiques, indiquant du même coup les problèmes et les attitudes jugés par elle tolérables en philosophie.