Les commencements des longs voyages et des choses difficiles, qui avec le cours du temps se sont élevés, sont souvent restés
entièrement inconnus à la postérité. Recherchant plusieurs fois la cause dont ceci pouvait procéder, à peine en ais- je
trouver une autre, sinon que les commencements de toutes choses (& même celles qui croissent en une grandeur démesurée) sont si faibles et petites en leur source qu'il semble ne promettre rien moins que la grandeur qui s'en doit s'ensuivre. Pour cette cause, ceux qui tirent, comme on dit, ces choses du berceau de leur enfance, ne se peinent pas beaucoup de réduire en mémoire, ce qui pour lors ne semble pas mériter qu'on s'en souvienne : si ce n'est d'aventure que nous aimerions mieux avouer, que les premiers commencements de semblables entreprises sont enveloppés de tant et de si grandes difficultés, que les auteurs de celles étant entièrement occupées à l'action, sont non moins à faute de temps que de pouvoir, empêcher d'écrire...