Eden, le Valet des Cœurs

1 septembre 1890, château de Borest, demeure du marquis William de Barbery et de la marquise Énora de Barbery, née Rochefoucauld. Sis dans l'Oise, à quelques sept kilomètres de Senlis, et à une vingtaine de Chantilly, la charmante construction du 17ème a été édifiée à une lieue environ du bourg du même nom. Situé sur la rive gauche de la Nonette, à l'orée de la forêt d'Ermenonville, c'est un haut lieu de la chasse à courre. Le marquis et la marquise de Barbery sont de grands amateurs. Leurs écuries disposent d'une centaine de chevaux, et d'une meute de plus de cent cinquante chiens à courre. Éden n'a que 16 ans lorsque qu'il a été embauché, mais, et depuis son plus jeune âge, il n'a pas son pareil pour débourrer les jeunes chevaux et tout particulièrement les pouliches. C'est même pour cette raison que sur recommandation, le marquis de Barbery, l'a engagé. Le jeune garçon était auparavant employé par le comte de Marseillan, jusqu'à ce que ce dernier fasse faillite. Placements hasardeux, train de vie trop extravagant, maîtresses bien trop gourmandes, et hop, s'en était terminé de cette fortune bâtie par ses aïeuls au lendemain de la Révolution de 1789. Quand le poids des ans, le comte était âgé de 57 ans, et la concurrence se font trop présents, alors on tente de compenser, et parfois, c'est la catastrophe. Bref, le comte de Marseillan, ne peut s'en remettre, et se suicide. Sa veuve, la comtesse Eugénie de Marseillan, âgée de 33 ans, très, très éplorée, n'a d'autre choix que d'épouser un veuf boutiquier du Faubourg Saint-honoré à Paris. Celui-là même qui avait profité des largesses de feu son époux, Monsieur le comte de Marseillan, en achetant sans compter, parures, colliers, et bijoux de grande valeur pour ses multiples jeunes conquêtes. C'est également la comtesse Eugénie de Marseillan qui conseilla à la marquise Enora de Barbery, 34 ans, de conseiller à son époux, le marquis William de Barbery, 60 ans, de reprendre le jeune Eden Jolinom, à son service.

Croyez-moi sur parole ma chère marquise, ce jeune Eden, malgré son air timide, et parfois même un peu emprunté, n'a pas son pareil pour débourrer les pouliches. Mais pas que, il sait aussi s'occuper des juments déjà aguerries. Il peut paraître un peu fragile, mais son long corps svelte, cache des muscles d'acier. Ses mots, ses gestes, ses attentions font des miracles, croyez-moi ma chère, ce jeune est un véritable jardin bienfaisant. Il a aussi l'avantage, de ne pas être trop encombrant.

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