Elle a dit : Non ! ce soir-là, dans un parc où la brume argentait les masses étagées des verdures, pareilles à de beaux décors tendus pour une solennité d'amour. Le silence reposait sur les eaux calmes. La barque s'en allait doucement sur la pente insensible du fleuve comme vers une mystérieuse destinée Une attente immense régnait : l'âme de Jacques lui semblait s'élargir, se diluer dans le crépuscule, emplir la vallée La jeune fille était brune et pâle comme dans un poème romantique. Un oui, un non, flottaient dans l'air. C'est le non qui s'est posé. Pourquoi ? Parce que son regard a suivi un éphémère sur les herbes ? parce que le remous de la barque l'a distraite ? pour rien, peut-être parce qu'elle pensait : oui ?
Elle a dit : Non ! et ce n'est pas même à une demande d'aveu qu'elle répondait. C'était à une de ces questions banales auxquelles celui qui interroge attache parfois un sens beaucoup plus grand que les mots. Il disait simplement :
Viendrez-vous demain, comme ce soir ?
Elle laissa tomber un non, négligemment, en caressant du doigt l'eau fuyante.