Tu es l'île de la Clarté, de la Langueur et du Calme, ô Capri !
Tibère t'a choisie, Bœcklin t'a rappelée, et Wagner, inconsciemment, s'est servi de tes voix.
Tes rochers roses, tes jardins en fleur, tes treilles aux grappes violettes ou dorées, ton atmosphère de phosphore semblent de loin laisser
traîner sur le golfe limpide comme un long manteau de pierreries
Et ceux qui aiment la Lumière vont vers Toi.
Tu es aussi la sirène qu'ont chanté la lyre virgilienne et les flûtes de Pan. La molle caresse des vagues sur tes rives, la nostalgie de tes
parfums, la fraîcheur ruisselante de tes ombres, le sang latin qui palpite au cœur de tes jeunes filles, te rendent pareille à quelque voluptueux vaisseau dérivant, plein d'extase
Et ceux qui aiment les Baisers vont vers Toi.
Mais tu es, ô Capri, surtout par la majesté de tes attitudes, par le bronze bleu de ton profil, par la mélancolie hautaine de tes légendes, par
tes pierres, par ton ciel, par la grandeur cruelle de ton Passé, le sphinx, le sphinx décapité, accroupi dans la solitude des siècles à l'entrée
de la Thyrrénienne, le sphinx androgyne et muet qui regarde encore la route par où partit César
Et ceux qui aiment le Silence et la Vie vont vers Toi