Mondadori Store

Trova Mondadori Store

Benvenuto
Accedi o registrati

lista preferiti

Per utilizzare la funzione prodotti desiderati devi accedere o registrarti

Vai al carrello
 prodotti nel carrello

Totale  articoli

0,00 € IVA Inclusa

L'imagination est le miroir de la nature, miroir que nous portons en nous, et dans lequel elle se peint. La plus belle imagination est le miroir le plus clair et le plus vrai, celui que nous ternissons le moins par le souffle de nos inventions, celui que nous colorons le moins par les teintes artificielles et trop souvent fausses de notre propre fantaisie que nous appelons notre génie. Le génie ne crée pas, il retrace ; Dieu s'est réservé en tout la création. Homère, la plus vaste et la plus pathétique imagination qui ait jamais décrit la nature et fait palpiter le cœur humain, n'est qu'un copiste parfait. Ces couleurs qu'il délaie avec nos larmes sur sa palette ne sont que les couleurs que nous voyons tous et les larmes que nous versons tous. Son génie, c'est de les avoir mieux vues et mieux senties. Les poëtes, qu'on accuse d'être des assembleurs de fictions et des récitateurs de mensonges, sont les plus vrais de tous les hommes. Ils observent, ils sentent et ils écrivent ; ils changent les noms de leurs personnages : voilà toute leur invention ; mais si ces personnages n'étaient pas réels dans la nature, ils ne les auraient pas conçus, et s'ils ne les avaient pas conçus réellement dans leur imagination, ils ne les enfanteraient pas, ou ils n'enfanteraient que des monstres et des fantômes. Tout poëme est donc une vérité.

J'ai raconté, dans les Confidences, quelle était l'aventure vraie que j'avais récitée ou chantée à demi-voix dans ce poème domestique de Jocelyn. Les lecteurs des Confidences connaissent le pauvre et intéressant vicaire de village à qui j'ai donné, dans mes vers, le nom de Jocelyn ; ils connaissent la belle et touchante enfant du château de ***, à qui j'ai donné le nom de Laurence. Je ne me suis guère permis d'autre altération de la vérité dans ce petit drame, tableau de cheminée qu'on suspend à un clou de laiton dans sa chambre ou dans sa mansarde, et qu'on regarde par distraction, quand on a envie de se rappeler sa jeunesse, de rêver, de pleurer ou de prier.

Beaucoup d'oisifs, de jeunes hommes, de jeunes filles, m'ont écrit, de tous les coins du monde, à l'occasion de ce poëme qui a eu le seul succès qu'il pouvait avoir, un succès de cœurs malades, une gloire d'intimité, une immortalité de coin de feu, musa pedestris ! Tous ces cœurs touchés, toutes ces voix émues, toutes ces plumes tremblantes, me demandaient si ce drame était vrai, si Jocelyn avait vécu, si Laurence avait aimé et était morte ainsi, si je les avais connus, si j'avais eu en moi ou autour de moi les tristes et saintes confidences de leurs amours et de leurs malheurs ; s'il fallait s'y intéresser seulement comme à des personnifications imaginaires de sentiments nés de mes rêves, ou s'il fallait véritablement pleurer et prier sur leurs deux tombeaux, et s'y attacher comme à deux êtres qui avaient réellement vécu parmi nous, et qu'on pouvait espérer retrouver un jour aimants, aimés, heureux, dans une autre vie. O sainte naïveté des cœurs sensibles ! Ils ne veulent pas perdre leur sensibilité sur une fiction, et ils ont raison. Les larmes sont trop précieuses pour qu'on les répande ainsi sur des chimères, et sans qu'une ombre réelle au moins les entende tomber et les recueille là-haut. Tromper ces cœurs-là, c'est le crime sans rémission des poëtes, car c'est outrager la nature ; c'est tendre un piége à la mélancolie pour lui rire au visage ensuite ; quand elle pleure, c'est faire pleuvoir des larmes sur le sable pour arroser une illusion. C'est mal, et cela fait souvent un mal réel aux imaginations tendres que vous trompez ainsi. Car les âmes neuves et simples, et ce sont les plus belles, prennent souvent à cœur et au sérieux les sentiments avec lesquels le poëte joue ainsi. On connaît les sept ou huit suicides que Werther, cette ironie de Gœthe, fit accomplir en Allemagne après l'apparition de ce beau livre.

On sait que Bernardin de Saint-Pierre fut obsédé toute sa vie par des interrogations épistolaires sur Paul et sur

Dettagli down

Generi Romanzi e Letterature » Romanzi contemporanei

Editore Gilbert Terol

Formato Ebook con Adobe DRM

Pubblicato 16/10/2018

Lingua Francese

EAN-13 1230002688961

0 recensioni dei lettori  media voto 0  su  5

Scrivi una recensione per "Geneviève"

Geneviève
 

Accedi o Registrati  per aggiungere una recensione

usa questo box per dare una valutazione all'articolo: leggi le linee guida
torna su Torna in cima