Mondadori Store

Trova Mondadori Store

Benvenuto
Accedi o registrati

lista preferiti

Per utilizzare la funzione prodotti desiderati devi accedere o registrarti

Vai al carrello
 prodotti nel carrello

Totale  articoli

0,00 € IVA Inclusa

Les êtres qui nous inspirent le plus d'affection ne sont pas toujours ceux que nous estimons le plus. La tendresse du cœur n'a pas besoin d'admiration et d'enthousiasme : elle est fondée sur un sentiment d'égalité qui nous fait chercher dans un ami un semblable, un homme sujet aux mêmes passions, aux mêmes faiblesses que nous. La vénération commande une autre sorte d'affection que cette intimité expansive de tous les instants qu'on appelle l'amitié. J'aurais bien mauvaise opinion d'un homme qui ne pourrait aimer ce qu'il admire ; j'en aurais une plus mauvaise encore de celui qui ne pourrait aimer que ce qu'il admire. Ceci soit dit en fait d'amitié seulement. L'amour est tout autre : il ne vit que d'enthousiasme, et tout ce qui porte atteinte à sa délicatesse exaltée le flétrit et le dessèche. Mais le plus doux de tous les sentiments humains, celui qui s'alimente des misères et des fautes connue des grandeurs et des actes héroiques, celui qui est de tous les âges de notre vie, qui se développe en nous avec le premier sentiment de l'être, et qui dure autant que nous, celui qui double et étend réellement notre existence, celui qui renaît de ses propres cendres et se renoue aussi serré et aussi solide après s'être brisé ; ce sentiment-là, hélas ! ce n'est pas l'amour, vous le savez bien, c'est l'amitié.

Si je disais ici tout ce que je pense et tout ce que je sais de l'amitié, j'oublierais que j'ai une histoire à vous raconter, et j'écrirais un gros traité en je ne sais combien de volumes ; mais je risquerais fort de trouver peu de lecteurs, en ce siècle où l'amitié a tant passé de mode qu'on n'en trouve guère plus que d'amour. Je me bornerai donc à ce que je viens d'en indiquer peur poser ce préliminaire de mon récit : à savoir, qu'un des amis que je regrette le plus et qui a le plus mêlé ma vie à la sienne, ce n'a pas été le plus accompli et le meilleur de tous ; mais, au contraire, un jeune homme rempli de défauts et de travers, que j'ai même méprisé et hai à de certaines heures, et pour qui cependant j'ai ressenti une des plus puissantes et des plus invincibles sympathies que j'aie jamais connues.

Il se nommait Horace Dumontet ; il était fils d'un petit employé de province à quinze cents francs d'appointements, qui, ayant épousé une héritière campagnarde riche d'environ dix mille écus, se voyait à la tête, comme on dit, de trois mille francs de rente. L'avenir, c'est-à-dire l'avancement, était hypothéqué sur son travail, sa santé et sa bonne conduite, c'est-à-dire son adhésion aveugle à tous les actes et à toutes les formes d'un gouvernement et d'une société quelconque.

Personne ne sera étonné d'apprendre que, dans une situation aussi précaire et avec une aisance aussi bornée, M. et Mme Dumontet, le père et la mère de mon ami, eussent résolu de donner a leur fils ce qu'on appelle de l'éducation, c'est-à-dire qu'ils l'eussent mis dans un collège de province jusqu'à ce qu'il eût été reçu bachelier, et qu'ils l'eussent envoyé à Paris pour y suivre les cours de la Faculté, à cette fin de devenir en peu d'années avocat ou médecin. Je dis que personne n'en sera étonné, parce qu'il n'est guère de famille dans une position analogue qui n'ait fait ce rêve ambitieux de donner à ses fils une existence indépendante. L'indépendance, ou ce qu'il se représente par ce mot emphatique, c'est l'idéal du pauvre employé ; il a souffert trop de privations et souvent, hélas ! trop d'humiliations pour ne pas désirer d'en affranchir sa progéniture ; il croit qu'autour de lui sont jetés en abondance des lots de toute sorte, et qu'il n'a qu'à se baisser pour ramasser l'avenir brillant de sa famille. L'homme aspire à monter ; c'est grâce à cet instinct que se soutient encore l'édifice, si surprenant de fragilité et de durée, de l'inégalité sociale.

De toutes les professions qu'un adolescent peut embrasser pour échapper à la misère, jamais, de nos jours, les parents ne s'aviseront d'aller choisir la plus modeste et la plus sû

Dettagli down

Generi Romanzi e Letterature » Romanzi contemporanei

Editore Gilbert Terol

Formato Ebook con Adobe DRM

Pubblicato 28/10/2018

Lingua Francese

EAN-13 1230002751306

0 recensioni dei lettori  media voto 0  su  5

Scrivi una recensione per "Horace"

Horace
 

Accedi o Registrati  per aggiungere una recensione

usa questo box per dare una valutazione all'articolo: leggi le linee guida
torna su Torna in cima