Un homme part à la recherche de sa vie dans le dessein de lui trouver une figure qui le rassure sur son identité. Mais il ne tarde pas à nous confier qu'il ne peut rien décrire qui soit sûr et que ses propres souvenirs ne lui proposent que des images privées de réalité. Aussi se croit-il autorisé à douter de tout. Il va alors s'enfermer dans « l'usine de l'esprit » comme s'il voulait nous convaincre que s'il n'a rien à dire sur sa vie c'est qu'il l'a passée dans sa tête à confronter des idées avec la réalité. Et pour mieux nous masquer une existence solitaire, il n'hésite pas à se poser devant nous comme un phénomène égaré dans un monde auquel il a préféré ne pas participer, estimant que chacun, à sa manière, peut occuper son temps à se poser des questions et y répondre en se servant de son imagination. C'est là, semble-t-il nous dire, une hygiène de l'esprit qui, écartant vanités, passions, et tous les embarras du quotidien, peut nous consoler d'être nés et d'ignorer ce que nous faisons sur terre.