MAITRE FORTUNIO, seul au parterre, à droite ; il compte les roses de ses rosiers.
Deux quatre six huit dix roses de moins à mes rosiers, et un bouquet de plus sur la fenêtre de ma femme Très-bien ! (Il inspecte les allées.) Un deux trois quatre cinq cinq pas en avant, cinq pas en arrière, dans cette allée que j'ai ratissée moi-même hier ! Piétinement à la même place dans la plate-bande, impatience ! inquiétude ! Ici, les traces sont plus profondes ! attente ! rêverie ! Il y a un amoureux ! jour de Dieu ! soyons calme ! Très-bien ! (Il descend vers le public.) II était une fois un garçon de quinze ans, beau comme les amours, amoureux comme le printemps ! et sacripant à dire d'expert ! Ce garçon, c'était moi, oui mesdames, c'était moi. Il y a trente-cinq ans de cela ! J'étais second clerc de maître André, le notaire, et sa femme m'appelait son petit Fortunio. Rien ne me résistait, grâce à mon talisman, une chanson qui me fit aimer d'elle et de bien d'autres et qui devint célèbre dans son temps.