JEAN NÉROUDA (1834-1891) est un des créateurs de la littérature tchèque moderne. Poète, nouvelliste, journaliste et critique, il rendit à la littérature de son pays des services immenses. Ses recueils de poésie : Ballades et Romances, Chants cosmiques, Chants du Vendredi Saint, et surtout, ce pur joyau du lyrisme intime, intitulé : Simples motifs, placent leur auteur au premier rang des poètes slaves. En prose, à côté d'innombrables causeries, pétillantes d'esprit, il donna, en 1878, ces Contes de Mala Strana d'où sont extraites les deux nouvelles qu'on va lire. Avec un réalisme très personnel, Nérouda y dépeint, en de petites histoires tour a tour humoristiques et tragiques, la vie du vieux et pittoresque quartier de Prague où il naquit et où il passa sa jeunesse.
Extrait: J'étais blotti dans une encoignure du sombre escalier conduisant à la tribune d'orgue où j'attendais impatiemment la clôture des portes.
Il commençait à faire sombre. Je distinguais néanmoins à travers la grille, au bas de l'escalier, la silhouette de la tombe de saint Jean Népomucène et, du côté opposé, la porte vitrée de la sacristie.
On ne voyait personne. Le peu de fidèles venus ce soir-là au Saint étaient depuis longtemps partis. La grande nef, déserte, me semblait immense.