Tout au long du Proème philosophique le plus général d'Aristote, le temps de lecture apparaît ici sous l'éclairage des différentes parties de l'œuvre du Grand Penseur. De la « fragmentation » des textes aristotéliciens comme il est dit, la coupure textuelle de « La Sagesse du Philosophe », livre parallèle au précédent « Aristote aujourd'hui » 1987/2016 suit assurément cette fragmentation.
En réalité, avec ces Critiques aristotéliciennes 2006/2016 ici présentes, nous sommes déjà dans le mouvement morcelé d'une pensée pleinement opérante. La question du changement est inévitablement reprise, de nouveau travaillée. L'œuvre du Philosophe « le Stagirite » est en effet surtout connue pour son unité « agissante ». Il est avant tout question de l'Être en tant qu'Être : mais il nous faut aussi du temps et du mouvement pour le comprendre. Mise à part la pensée des présocratiques, personnages énigmatiques pour certains, Aristote est le seul dont on ait également perdu l'intégrale des œuvres publiées ; le Corpus aristotelicum est pour l'essentiel l'œuvre de Théophraste, premier successeur discuté d'Aristote. Et les Grecs de façon générale à son époque cherchent le Repos comme rang suprême de leur écriture. Pas le Changement. Dans la présentation du livre philosophique que je lui ai consacré (le « Aristote aujourd'hui » précédent et rapproché), cette unité « relative » du mouvement de l'être et des choses se révèle enfin ; mais aussi dans sa manière la plus simple de la vivre, d'être construite de telle façon qu'il est difficile de la retrouver si ouvertement traitée chez les autres ! Ici nous sommes sur le déplacement progressif et nécessaire d'une idée, d'un entendement en perpétuel périple du fameux Philosophe grec à propos de son principe indispensable de kinèsis / metabolè (mouvement / transformation). Il est en somme question des « Métamorphoses de la Grèce ancienne ». Celles qui mènent soudainement après le Stagirite à la période hellénistique... Je veux évoquer concrètement Aristote sans cesse en déplacement dans sa vie ; en partage inconditionné dans ses journées les plus longues, en perpétuelle transformation et métamorphose à propos de ses réflexions les plus fermes au contraire de Platon son Maître qui toute sa vie durant, rejeta irrémédiablement tout changement, a voulu rester intensément Athénien même en se rendant malheureusement jusqu'en Sicile, un grand voyage au moment de la mise en œuvre de ses convictions politiques les plus assurées.