Il n'y avait là que douze mille hommes, tout ce que le général Félix
Douay avait avec lui du 7? corps d'armée. La 1?? division, appelée la
veille, était partie pour Froeschwiller ; la 3? se trouvait encore à Lyon ;
et il s'était décidé à qui?er Belfort, à se porter ainsi en avant avec la 2?
division, l'artillerie de réserve et une division de cavalerie, incomplète.
Des feux avaient été aperçus à Lorrach. Une dépêche du sous-préfet de
Schelestadt annonçait que les Prussiens allaient passer le Rhin à Markolsheim.
Le général, se sentant trop isolé à l'extrême droite des autres
corps, sans communication avec eux, venait de hâter d'autant plus son
mouvement vers la frontière, que, la veille, la nouvelle était arrivée de la
surprise désastreuse de Wissembourg. D'une heure à l'autre, s'il n'avait
pas lui-même l'ennemi à repousser, il pouvait craindre d'être appelé, pour
soutenir le 1?? corps. Ce jour-là, ce samedi d'inquiète journée d'orage, le
6 août, on devait s'être ba?u quelque part, du côté de Froeschwiller : cela
était dans le ciel anxieux et accablant, de grands frissons passaient, de
brusques souffles de vent, chargés d'angoisse. Et, depuis deux jours, la division
croyait marcher au combat, les soldats s'a?endaient à trouver les
Prussiens devant eux, au bout de ce?e marche forcée de Belfort à Mulhouse...