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HISTOIRE DU VÉRITABLE GRIBOUILLE

Les aventures de Gribouille, modèle de naïveté et de gentillesse, dans un monde où les insectes, les fleurs vivent et parlent comme les hommes : un conte merveilleux de George Sand.
Voici l'histoire de Gribouille, enfant bon et généreux, qui se jeta dans l'eau par crainte de se mouiller, puis dans le feu par crainte d'être brûlé.

TRÉSOR DES FÈVES ET FLEUR DES POIS

Il y avait une fois un pauvre homme et une pauvre femme qui étaient bien vieux, et qui n'avaient jamais eu d'enfants : c'était un grand chagrin pour eux, parce qu'ils prévoyaient que dans quelques années ils ne pourraient plus cultiver leurs fèves et les aller vendre au marché. Un jour qu'ils sarclaient leur champ (c'était tout ce qu'ils possédaient avec une petite chaumière ; je voudrais bien en avoir autant) ; un jour, dis-je, qu'ils sarclaient pour ôter les mauvaises herbes, la vieille découvrit dans un coin, sous les touffes les plus drues, un petit paquet fort bien troussé, qui contenait un superbe garçon de huit à dix mois, comme il paraissait à son air, mais qui avait bien deux ans pour la raison, car il était déjà sevré. Tant y a qu'il ne fit point de façon pour accepter des fèves bouillies, qu'il porta aussitôt à sa bouche d'une manière fort délicate.

AVENTURES MERVEILLEUSES ET TOUCHANTES DU PRINCE CHÈNEVIS ET DE SA JEUNE SŒUR

Ce beau château de marbre qui se déploie, dans ses proportions colossales, sous un ciel chaud et azuré, et qui s'élève majestueusement au milieu d'un lac tranquille, est la résidence du prince Orfano-Orfana. Les douze gradins au sommet desquels il apparaît sont couverts de platanes toujours verts, de citronniers et d'orangers couleur d'or, de pins et de peupliers ; le dernier de tous les gradins est planté de rosiers de Messine qui répandent au loin, quand le vent les agite le soir, une odeur vivifiante et suave. Bâti sur l'une des îles Borromées par les ancêtres du prince Orfano-Orfana, qui avaient été autrefois les plus puissants seigneurs du Piémont, ce château fut surnommé, à cause de sa rare magnificence, la Perle du lac Majeur.

LE GENIE BONHOMME

Il y avait autrefois des génies. Il y en aurait bien encore si vous vouliez croire tous ceux qui se piquent d'être des génies ; mais il ne faut pas s'y fier.

LES FLEURS DES BOIS

Nos chevaux épuisés s'étaient arrêtés d'eux-mêmes, au coin d'une vaste forêt, devant la porte d'une humble cabane qui servait de retraite à une bonne vieille qui pouvait bien avoir cent ans, ce qui ne l'empêchait pas d'avoir encore la plus aimable figure du monde. Elle nous fit les honneurs de sa petite demeure avec tant de bonne grâce, que je ne pus m'empêcher de penser qu'une si belle vieillesse devait être la récompense d'une bonne vie.
Quand nous eûmes pris un peu de repos, notre hôtesse, qui vit bien qu'elle avait affaire à des gens qui ne comprenaient pas assez le prix de la paix et du repos, nous raconta l'histoire suivante.
C'est des petites fleurs, mes voisines, que je tiens ce qui va suivre, dit la vieille femme en ranimant le feu ; leurs aïeules sont les héroïnes de ce récit, et dans la forêt, il n'est pas un brin d'herbe qui ne connaisse cetté histoire, et qui ne puisse en garantir l'authenticité.

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