L'affaire de la rue des Marmousets, également appelée affaire de la rue Chanoinesse, aussi connue comme la légende du barbier et du pâtissier sanguinaires, est un fait divers criminel qui aurait eu lieu à Paris au xve siècle et dans lequel un pâtissier et un barbier se seraient adonné à un commerce de pâtés à base de chair humaine.
La légende
Au coin de la rue des Marmousets et de la rue des Deux-Hermites, la macabre affaire reposerait sur la froide collaboration de deux hommes : un barbier et un pâtissier. Le barbier se chargeait d'égorger, dépouiller et dépecer les victimes, souvent des étudiants du chapitre de Notre-Dame ; il envoyait ensuite la chair hachée par une trappe qui débouchait directement dans la cave de son voisin, le pâtissier, qui en faisait des pâtés. Selon certains auteurs, ces spécialités auraient eu un véritable succès auprès des parisiens. On a dit même que le roi Charles VI lui-même en était très friand.
Le chien d'une des victimes, un étudiant allemand du nom de Alaric, alerta par ses aboiements la maréchaussée et les voisins de la boutique du pâtissier. On découvrit dans la cave pestilentielle les outils utilisés pour démembrer les corps. Les deux hommes avouèrent leurs crimes et furent brûlés vifs dans des cages de fer peu après en place de Grève le jour même de la sentence.
Conformément à l'usage, la maison où les crimes eurent lieu fut rasée et une petite pyramide expiatoire s'y élevait jusqu'en 1536.
Encore un livre sur Paris ?
Oui, amis lecteurs.
Au moment où le Paris de nos pères se métamorphose ou disparaît, il m'a paru utile de recueillir les petites légendes qui peuplaient ses ruelles, carrefours et monuments, épaves curieuses qui, ramassées dans la poussière des siècles passés, sont dignes de respect, et que je me suis empressé d'étiqueter sur les tablettes de ce petit musée au frontispice duquel vous lisez : Légendes du vieux Paris.
Dans l'introduction de mon dernier ouvrage : Les Fêtes légendaires, j'ai rapidement crayonné les différentes branches de ce rosier toujours fleuri qui se dresse au seuil du temple de l'Histoire, et se nomme la légende. « Les unes, ai-je dit, se rattachent aux villes », et quelle ville en a plus que Paris ? quelle ville dans le monde, excepté Rome, laisse dans l'âme de celui qui l'a vue plus de souvenirs historiques et artistiques empreints d'une grandeur et d'une majesté qui ne s'oublient jamais, parce qu'ils se rattachent à la vie du peuple qui a le plus fait progresser l'humanité ?
Que de fois, en parcourant les vieux quartiers, je me suis surpris à rêver devant ces antiques demeures féodales silencieuses et recueillies, les unes au portail majestueux flanqué de tourelles élégantes, les autres abritées derrière de hautes murailles couronnées de créneaux, fortes et solides comme des bastions !
Sur leurs façades mélancoliques enveloppées dans le souvenir comme dans un crêpe funèbre, le temps a buriné en lézardes bizarres des caractères hiéroglyphiques qui racontent leur histoire. Sur tous ces débris plane mystérieusement l'âme du passé, et, dans une vision à demi fantastique voilée de brumes, la pensée ressuscite les acteurs du temps jadis.
Derrière ces murailles crénelées, les hommes d'armes poussèrent le cri de guerre dont l'écho sinistre était l'effroi du laboureur et du paisible marchand. Dans cette cour d'honneur entourée d'écussons mutilés se convoquaient le ban et l'arrière-ban des vassaux du vaillant sire chevalier ; au portail flottaient pennons et bannières fleurdelisés, C'est là que fut poussé par des poitrines vaillantes et convaincues le cri enthousiaste des croisades : « Dieu le veut ! » Sous les voûtes massives de cette large galerie lambrissée de panoplies d'armes conquises, enguirlandées de devises orgueilleuses, les ménes