Dans les derniers jours du mois de novembre 1868, par un de ces brouillards bas et pluvieux qui transforment les rues de Paris en cloaques, un jeune homme de vingt-huit ans environ suivait le quai du Marché-Neuf de ce pas brisé et machinal auquel Balzac prétendait reconnaître les gens au désespoir. On pouvait deviner qu'il marchait sans aucune direction déterminée, et, quoique la pluie commençât à tomber, il ne paraissait pas s'en apercevoir.
Parvenu à la hauteur du Petit-Pont, il jeta un regard vague sur l'eau bourbeuse qui passait sous les arches, puis il tourna à gauche dans la rue de la Cité, longea la rue Neuve-Notre-Dame, traversa le parvis et se trouva presque inopinément à l'un des angles de la cathédrale. Arrivé là, il sembla tiré de sa rêverie et, comme s'il eût trouvé tout à coup un but à sa pensée, il entra dans la nef.
On célébrait en ce moment un service funèbre, et l'orgue remplissait les voûtes de la vieille église de ses vibrations formidables, mêlées à des modulations surprenantes entrecoupées de temps en temps par les voix claires et perçantes qui parlaient du maître-autel et dont les accents, succédant aux étourdissements de l'orgue, produisent une impression presque irrésistible dans certaines dispositions d'esprit...