Le ciel était tout azur : de petits nuages floconneux qui semblent le duvet dont les oiseaux font leurs nids, flottaient dans l'immensité. Le mois de juin commençait si charmant que l'âme se prenait à chanter l'hymne éternel de l'amour et de la vie ; dans la nature entière passait comme une brise chargée de bonheur.
J'avais accompagné dans la forêt les bûcherons de mon père.
Connaissez-vous, lecteur, la forêt des Ardennes, où le sanglier a choisi sa bauge ; où résonnent incessamment les fanfares du cor de chasse et les aboiements de la meute ardente qui se fatigue à courir les hôtes de ces bois profonds ? quelque chose de saisissant, d'épouvantable même, devant un semblable tableau.
Soudain, à quelques pas de moi, un éclair projeta sa lueur fauve sur des ossements amoncelés en pyramide au pied d'un chêne. Au-dessus, clouée à l'arbre, j'entrevoyais une large plaque de cuivre ; j'attendis, haletant, un nouvel éclair, et je lus :
Restes des Houlans.
Ainsi est punie la trahison :
Par la mort sans sépulture et sans prières.
Fut-ce effet de la peur ou hallucination de la fièvre, il me sembla que la pluie se changeait en larges gouttes de sang ; que la terre s'entr'ouvrait avec un déchirement profond d'où s'échappaient d'effroyables hurlements ? Les ossements eux-mêmes redevenaient-ils des corps animés, couverts de blessures ouvrant de larges et sanglantes lèvres, et grimaçant d'horribles contorsions ? Etait-ce le feu du ciel qui prêtait à toute cette effrayante fantasmagorie une vie factice ? Etait-ce mon imagination, nourrie des récits faits aux longues veillées d'hiver, alors que l'aquilon furieux vient heurter, avec un bruit lugubre, son aile noire aux vitres blanches de glace, qui ressuscitait de leur poussière tous ces êtres dont j'avais les restes devant les yeux ? Etait-ce l'heure de minuit où, comme dit Hugo :
Les morts dansent d'un pied débile ?
I. LE BOIS DES HOULANS.
II. LA FAMILLE HUMBERT.
III. LE SERMENT ET LA CROIX DE BOIS
IV. LA CONSCRIPTION.
V. L'INVASION ÉTRANGÈRE.
VI. DÉPART D'AMÉLIE.
VII. NAPOLÉON DANS LA FERME.
VIII. A L'APPEL DE LA PATRIE.
IX. LE RETOUR.
X. COMMENT NAIT ET S'ACCROIT L'AMOUR.
XI. LE VENGEUR INVISIBLE.
XII. POUR UN NEZ.
XIII. OU APPARAIT L'HETMAN GENGIKOFF.
XIV. LA FUITE.
XV. LE SOUTERRAIN.
XVI. LE TRIBUNAL DU PEUPLE.
XVII. LE REVENANT DE LA TUILE-ROUGE.
XVIII. LA MORT DE RAOUL.
XIX. LA TRAHISON.
XX. PRISONNIÈRE.
XXI. ENTRE L'AMOUR ET LA HAINE.
XXII. L'OTHELLO DU NORD.
XXIII. SUR LE SEUIL DE L'AUTRE VIE.
XXIV. UN DOUBLE CHATIMENT.
XXV. DÉNOUMENT.
CONCLUSION.