Je ne sais pas pourquoi je me crois au printemps ; J'ai l'esprit travaillé d'un mystérieux rêve : Je me vois au milieu des arbres, et j'entends Dans les bourgeons courir le frisson de la séve.
J'ai le cœur et les yeux tout gonflés par les pleurs. Au fond de moi je sens un frémissement d'aile ! Comme il doit faire bon marcher parmi les fleurs ! Sur chaque tige humide éclôt une étincelle.
L'oiseau chante l'amour Connaissez-vous les nids Et les insectes verts dans un creux de vieux saule ? Ô charmant souvenir ! quand nous étions petits, Nous nous grimpions, pour voir, l'un l'autre sur l'épaule.
J'ai d'étranges désirs ainsi qu'en ont les fous ! À présent, je voudrais m'élancer dans l'espace ! Et je songe à la fois que ce doit être doux De suivre par les blés une fille qui passe.
Un jour, ils étaient deux qui s'en allaient ainsi : Je les vis, ces heureux, causer sous l'aubépine ; Deux oiseaux, étonnés, près d'eux chantaient aussi Peut-être ils sont encor dans la même ravine !
Large effluve d'amour, une immense chanson Palpite dans les airs au temps des feuilles vertes ; Un souffle d'inconnu ranime le buisson Et la blanche façade aux fenêtres ouvertes.