À l'angle de la rue de la Monnaie et de l'étroit passage des Fèves s'élevait au temps de la Révolution une vaste maison dont l'aspect évoquait un passé de grandeur et de luxe. Pour la décorer, l'or avait été dépensé sans compter. Les balcons de la façade s'ornaient de balustrades finement sculptées, tandis que des personnages allégoriques aux nobles attitudes encadraient les hautes fenêtres à petits carreaux et surmontaient la grande porte cochère. Cet hôtel avait été la résidence d'un riche banquier autrichien, qui s'était empressé de quitter Paris dès que s'étaient fait sentir rue de la Monnaie les premiers souffles de la tourmente révolutionnaire.
L'opulente demeure était restée inhabitée pendant deux ans au bout desquels le gouvernement en avait pris possession, la confisquant comme « bien d'étranger ».