Les Miettes philosophiques ont paru en 1844. Kierkegaard était alors âgé de trente et un ans.
« L'idée centrale des Miettes, écrit Paul Petit dans sa préface, est de montrer la différence de nature qu'il y a entre la vérité telle que la concevaient les Grecs Socrate où le Maître n'est jamais que l'occasion de la découverte (ou plutôt de la prise de conscience) par l'élève d'une vérité qui existait déjà en lui (sans quoi comment pourrait-il la reconnaître comme vraie ?) et la vérité religieuse chrétienne pour qui le Maître le Dieu engendre au contraire la vérité dans l'âme du disciple qu'il sauve de lui-même par une véritable nouvelle naissance. Dans le premier cas le disciple était déjà dans la vérité, et le Maître ne joue que le rôle d'accoucheur en l'aidant à en prendre connaissance (ou à s'en ressouvenir). Dans le second cas, au contraire, le Maître le Dieu est un Père, le père de cette nouvelle créature qui vient de naître dans cette nouvelle naissance un sauveur auquel le disciple se trouve attaché par un lien personnel de reconnaissance et d'amour qui serait tout à fait déplacé dans la perspective purement maieutique de Socrate. »