On ne peut qu'être frappé par la palette de services développés en quelques années par les sociétés militaires privées (renseignement, formation, soutien aux opérations, soutien logistique, conseil en matière de doctrine...), jusqu'à couvrir tout le spectre des activités autrefois dévolues aux armées, y compris dans le domaine du combat. En 2010, sur le théâtre afghan, près de 60 % du personnel engagé par les Etats-Unis était employé par une SMP. Avec environ un million d'employés à travers le monde et un chiffre d'affaires évalué entre 200 et 400 milliards de dollars, il devient particulièrement légitime de se poser la question de la place occupée par ces SMP sur la scène internationale, et surtout d'évoquer l'étendue de leur influence, notamment en matière de politique étrangère ou de recherche de puissance. Les sociétés militaires privées ne font pas la une de la presse, ni des journaux télévisés. La plupart des citoyens des Etats ne savent pas vraiment les situer dans le paysage des entreprises. Leur assimilation au mercenariat est encore prégnante pour ceux qui se souviennent des années passées, ou de temps plus anciens. Les ouvrages de vulgarisation les concernant ne font que narrer les expériences de certains de leurs employés. Les ouvrages plus spécialisés s'attardent essentiellement sur le manque de législation ou sur l'historique qui entoure ces sociétés. Ainsi, presque aucune littérature ne s'est intéressée au fait que les sociétés militaires privées jouent un rôle fondamental sur la scène internationale, souvent au service des Etats qui les emploient. Ce jeu se joue effectivement de façon discrète, mais on ne peut que constater que les sociétés militaires privées sont devenues des éléments incontournables dans les relations internationales, au même titre que les grandes ONG ou les grandes entreprises. Si ces dernières sont considérées comme de « nouveaux acteurs » des relations internationales, ne peut-on pas en dire autant des sociétés militaires privées ?