Pierre et Marie étaient les enfants d'un pauvre bûcheron qui habitait, avec sa femme, une chaumière située sur la lisière d'une grande forêt.
Ces enfants étaient très heureux et s'amusaient beaucoup, quoiqu'ils n'eussent ni joujoux ni beaux vêtements, car la forêt leur procurait toutes sortes de distractions. L'été, ils allaient cueillir des fraises et des noisettes, et Marie faisait de gros bouquets avec ces belles fleurs sauvages qui croissent à l'ombre des bois ; et puis, dans une mare du voisinage, ils coupaient des joncs dont leur papa leur avait appris à tresser de jolies corbeilles. Pierre savait aussi fabriquer des sifflets avec des roseaux, et il se divertissait à attirer les oiseaux en imitant leur chant ; comme il ne leur faisait jamais de mal, il les avait si bien apprivoisés, qu'ils venaient jusqu'à ses pieds manger les miettes de son pain bis.
L'hiver leur imposait des occupations plus sérieuses : ils allaient sous les hautes futaies ramasser du bois mort, dont ils faisaient de gros fagots, qu'ils apportaient sur leur dos à la maison, ou qu'ils traînaient avec une corde, lorsque la charge était trop lourde ; cela n'était pas aussi agréable que de ramasser des fleurs et des fruits, d'autant plus que le vent du nord, qui faisait alors entrechoquer les branches dépouillées des arbres, soufflait sur leurs doigts bleuis, et rougissait leurs petits nez.