Mémoires du Caire

Ma fille Valérie m'a récemment envoyé le message suivant:

Tu sais j'aimerais te demander une chose, très sérieuse et importante pour moi. J'aimerais que tu écrives l'histoire de la famille comme tu la vois et ton histoire. Pour Ben. Je n'aimerais pas qu'il soit comme moi, sans message pour plus tard de son grand-père. Je n'aimerais pas qu'il sache l'histoire de la famille par quelqu'un qui ne l'a pas vécue directement. Ça peut être court, mais j'aimerais bien que tu lui adresses quelques mots. Si tu es d'accord, si tu as le temps, si tu trouves que c'est une bonne idée. Il commence à poser des questions. L'autre jour je lui ai dit que tu étais né près des pyramides et il était tellement impressionné que je me suis dit j'espère que c'est vrai, voilà

Avoir une histoire, cela aide à être. Mon adorable Valérie a raison, mon petit Ben a droit à son histoire, car un jour il se posera des questions, des questions que nous nous posons tous quand "être" devient tumultueux et qu'il nous faut remonter aux sources du fleuve pour qu'il redevienne un peu tranquille en aval.

Hériter d'une histoire, quelque soit cette histoire, est un bien précieux car unique et personnel. Mes enfants sont tous les trois nés en Europe et ont éprouvé la curiosité de l'Egypte. Ce qu'ils ont pu voir lorsqu'ils y sont allés ne correspond que peu avec l'Egypte de ma propre enfance, celle que par bribe je leur ai laissée parfois entrevoir, celle où je suis né il y a 73 ans maintenant. L'Egypte où je suis né était un centre de culture cosmopolite, on y parlait toutes les langues et on les mélangeait volontiers...

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