Huysmans J.-K. et Hennique Léon Pierrot sceptique (pantomime) : Ubu ? Non Pierrot ! Un Pierrot qui, dans cette brève pantomime onirique, misogyne, hilarante et déjantée se prépare aux funérailles de sa femme. Finalement, il envoie, sans lui, invités et corbillard : lui préfère le cabaret. Puis il tombe en arrêt devant une Sidonie (le mannequin à la vitrine d'un coiffeur) : celle-ci s'éveille, frissonne, s'anime. Sa poitrine vibre. Pierrot la désire, tente de la séduire sans succès. Cela ne peut que finir par des étincelles ! Gare au feu ! Pierrot reste sceptique
J.-K. Huysmans qui disait mépriser le théâtre admirait, tout comme Léon Hennique, des acteurs acrobates anglais qui se produisaient à Paris en 1879, les Hanlon-Lees. « Tiens, dit-il à son ami, ce serait amusant de faire quelque chose dans ce goût-là». Et Hennique raconte : « Nous avons arrêté le scénario ensemble. J'ai écrit la pantomime, je la lui ai passée et il a fait les changements qu'il a voulus. »
« Le texte de la pantomime lui-même, par certains traits stylistiques, désigne souvent à l'intuition l'intervention probable de Huysmans : telle métaphore (« des mendiants fleuris d'ulcères et damassés de croûtes »), des antépositions d'adjectifs caractéristiques (« une chérissable et silencieuse sidonie »), tel rythme (une cadence ternaire mineure : « Le cassis l'a retenu / chez un concierge / dans une loge / au loin »), telle description (« La nuit descend. Elle enténèbre les encoignures des portes, emplit le renfoncement des fenêtres, creuse encore le porche de l'église ; elle coule sur les pavés, monte sur les façades des maisons ») (Jean-Marie Seillan, Silence, on fantasme. Lecture de « Pierrot sceptique », pantomime de L. Hennique et J.-K. Huysmans, in Romantisme, 1992 Vol. 22, Numéro 75, pp. 71-82)