Antoine Péluquère est un homme tenace. Peut-être tient-il cela de son parcours de reporter-photographe qui l'a mené dans le monde entier notamment en Australie, Océanie et en Polynésie ? C'est aux Marquises qu'il réalise les derniers clichés de Jacques Brel au moment où celui-ci embarque dans l'avion pour un voyage sans retour.
Quand il décide de dresser le portrait, et quels portraits, des hommes et des femmes qui font le marché
aux puces de la place Viarme à Nantes, il s'attaque à quelque chose de difficile. Jamais un tel
ouvrage, centré essentiellement sur l'humain, n'a été entrepris sur ce lieu si particulier. À Viarme tous les
samedis matin, s'ouvre une fracture spatio-temporelle où se télescopent passé et présent, marchands, ces pionniers de l'économie circulaire, et chineurs. S'il est facile de s'intéresser à l'objet, il est un
exercice éminemment plus complexe : celui de dresser le portrait, lors de ce rendez-vous hebdomadaire, d'un homme ou d'une femme qui a fait de la brocante son métier.
Chacun, à sa manière, invite le chineur au voyage. Chaque marchand a son histoire, son parcours, son caractère, son originalité. A travers les photographies de cet ouvrage, Antoine Péluquère mets ces acteurs en lumière. Et cela a requis beaucoup de diplomatie et une capacité à convaincre qui s'élève au rang d'art. Mais derrière l'objectif, c'est toute la profondeur de chaque homme ou femme qui est révélée
par touches, grâce au talent de ce photographe de l'humain. Et ces « marchands de Viarme » sont
terriblement attachants. Ils méritaient ce coup de projecteur en forme d'hommage.