Suite à un accident gravitationnel, la Terre tombe vers le Soleil. Sur les rives du Léman, dans la région de Lausanne, c'est l'été : il fait chaud, 36 degrés à l'ombre mais la vie se poursuit comme à l'ordinaire. Cette nouvelle, apocalyptique, que publie le journal, faut-il y croire ? mais non ce n'est qu'une vague de chaleur qui passera Cependant le thermomètre grimpe toujours plus haut : 38, 39, 40 degrés. Le ciel devient blanc. Les sources tarissent. On entend des bruits sourds. Des failles s'ouvrent, des gaz et des feux souterrains s'échappent. Les glaciers fondent et le niveau du lac commence à monter, inexorablement Ses eaux prennent la couleur du sang brun. Les hôpitaux sont pleins, les passants tombent dans les rues. Face à l'inéluctable, faut-il encore travailler ? Pourquoi ne pas prendre l'argent où il est ? Dans les banques, par exemple
C'est la révolution. On fait appel à l'armée. Au fur et à mesure que la mort se rapproche, les interdits tombent, les instincts prennent le dessus, commencent des transgressions que nous décrit Ramuz, sans complaisance. D'autres, individuellement, font comme ils peuvent. Il y a les frères Panchaud, des pêcheurs. Ou l'agent d'affaires Gavillet, seul dans son bureau.
Dans l'édition originale de 1922 (Éditions Georg, Genève), Ramuz avait écrit en exergue "En souvenir d'un été où on a pu croire que ce serait ça". De fait, l'été 1921 fut caniculaire en Suisse et en Europe, avec un record de 38,9° à Genève. Des conditions climatiques qui ont inspiré à l'écrivain ce roman d'anticipation qui se clôt sur une note quasi biblique. J'ai trop aimé le monde. Quand j'ai cherché à imaginer plus loin que lui, c'est encore lui que j'ai imaginé. Quand j'ai cherché à aller au-delà d'où il est, je l'y ai retrouvé encore.