À l'origine de ce numéro, pour moi, deux questionnements. 1/ N'y aurait-il pas comme une fracture générationnelle autant qu'une « fracture numérique » entre des travailleurs sociaux (formé par l'écrit) souvent décontenancés et ces jeunes qu'ils accompagnent en connaissant mal (au mieux) leurs références culturelles, identitaires véhiculées par les écrans ? 2/ Depuis longtemps, la télé est utilisé comme forme de « camisole » en maison de retraite, en prison, à l'hôpital. Mais cela se faisait (se fait) sans manifestement de grand débats déontologiques. Pourquoi de telles pratiques vont-elle de soi ? Deux questions qui interrogent moins le consommateur plus ou moins passifs d'écrans que le professionnel qui doit composer avec. Mais malgré de nombreux manuscrits reçus pour ce numéro, aucun ne traitait directement de ces aspects. Le travailleur social, souvent loquace (comme tout le monde) pour dénoncer l'emprise médiatique, aurait-il donc un peu de mal à s'interroger sur ses propres pratiques en ce domaine ?