L'orage venait d'éclater sur les charmantes montagnes de l'Erzeberg ; ces nuages sombres et gigantesques que déchiraient, il y a quelques instants, mille rubans de feu, n'étaient plus alors que des ombres légères, flottant et se jouant sur un ciel d'azur. Le soleil souriait de nouveau à la terre, et de la terre rafraîchie par une pluie bienfaisante s'exhalaient mille parfums. Un brillant arc-en-ciel étalait à l'horizon ses riches couleurs ; on entendait encore de temps en temps, dans le lointain, le roulement de la foudre ; les charmants petits hôtes des forêts, effrayés un instant, retournaient à leurs bosquets chéris et faisaient résonner les airs de leurs doux gazouillements ; l'agile et timide chevreuil bondissait de nouveau dans ses grands bois, ou gravissait de nouveau ses montagnes ; mille papillons aux couleurs brillantes, aux ailes argentées, voltigeaient et folâtraient au soleil ; l'abeille vigilante s'abattait sur des fleurs fraîchement écloses pour y puiser ce suc si nécessaire à son industrie ; les moissons dorées, courbées un instant par la pluie, relevaient leur tête chargée de magnifiques épis ; les plantes, les fleurs se redressaient plus belles et plus suaves ; toute la nature enfin n'était qu'un hymne vivant à la louange du Créateur.
Fruit d'une sélection réalisée au sein des fonds de la Bibliothèque nationale de France, Collection XIX a pour ambition de faire découvrir des textes classiques et moins classiques dans les meilleures éditions du XIXe siècle.