Au moment où nous le mettons en scène, Georges Labrosse a vingt ans.
Il vient de terminer, au Séminaire de Québec, des études qui n'ont été ni brillantes, ni mauvaises : ce qu'on est convenu d'appeler de bonnes études.
N'ayant pas eu de velléités pour la prêtrise, Georges est libre de choisir l'état de vie qui lui plaira le mieux. L'horizon vaste infini l'horizon féérique où vont s'abattre nos aspirations, à vingt ans s'arrondit devant lui, par de tout nuage. Aucune entrave ne gêne ses mouvements ! aucune chaîne ne lie son cœur ! aucun obstacle ne se montre sur la route large, saturée de tous les parfums, qui s'ouvre et se déroule sous ses pieds, à mesure qu'il fait un pas en avant.
Que faut-il pour réussir dans le monde ?
Quatre choses : de l'argent, de l'instruction, de l'énergie et du génie pour la spécialité à laquelle on se destine.
C'est bien ! ces quatre choses indispensables au succès d'une entreprise sérieuse quelconque, notre héros les possède toutes à un haut degré.
Voyons plutôt.
Son père, en mourant, lui a laissé deux milles piastres de revenu : ce qui suppose, comme vous voyez, une fortune assez ronde pour capital.