8 heures du matin, vendredi 23 mars 1923, parc du manoir de la Morille, commune d'Eymet - Dordogne.
À deux cents pas environ, le long du mur d'enceinte, à quelques mètres du portail de l'entrée principale, Estève et Granduc, mes Grands Gascons Saintongeois, aboient avec force. Estève et Granduc sont deux frères, nés de la même portée. La mère avait trop de chiots, et pas assez de tétines, et ces deux-là devaient être sacrifiés, alors je les ai récupérés et nourris au biberon. De l'autre côté du mur, en bordure de la petite route, se trouve une mare. Très certainement des sangliers s'y sont-ils baugés ! Puis très distinctement, j'entends trois à quatre coups de cloche, c'est celle de l'entrée ! Assez rapidement plusieurs coups de feu retentissent. J'entends même des éclats de voix, et encore des coups de feu. Des coups de feu, j'en ai beaucoup entendu. Ce ne sont pas de coups de fusil de chasseurs ou de braconniers, mais plutôt des coups de révolvers, ou de pistolets.
Et toujours, Estève et Granduc qui donnent de la voix. Je m'approche rapidement de la grille. De l'autre côté, sur la petite route, à quelques mètres à peine, deux gendarmes, arme au poing, apparaissent.
Bonjour Messieurs, que se passe-t-il ?
Des voleurs mon colonel, des assassins et des voleurs. Mais c'est terminé, ils n'assassineront plus personne, nous les avons abattus !