Extrait LE MARI Tu as une hygiène déplorable Tu t'entêtes à rester, toute la journée, étendue dans des pièces closes et surchauffées C'est cela, parbleu, qui te fait du mal Et, grosse comme tu es, il n'y a rien de plus malsain. Moi qui suis maigre et qui me porte bien, je mourrais de cette immobilité et de cette chaleur Mais tu ne veux rien entendre et t'acharnes à ne faire que ce qui te plaît Je te l'ai dit cent fois il faut te remuer marcher te fatiguer même De l'exercice, voilà LA FEMME Mon Dieu ! mon Dieu ! Est-il possible de souffrir comme ça ? Qu'ai-je fait au bon Dieu pour souffrir comme ça ! Me remuer marcher ! Comme si je le pouvais ! Tu en parles à ton aise (La femme de chambre aide sa maîtresse à s'asseoir. Celle-ci pousse de petits cris. À la femme de chambre, d'une voix entrecoupée.) Mais qu'est-ce que vous avez donc dans les mains pour me briser le corps ainsi ? Oh ! oh ! mes pauvres reins mes pauvres jambes ma pauvre tête ! Que j'ai chaud ! que j'ai froid ! (La femme de chambre prend les couvertures des mains du mari, en enveloppe les genoux, les jambes de sa maîtresse qui, haletante, les coudes sur la table, se tamponne les lèvres de son mouchoir pour ne pas crier.) C'est affreux c'est à mourir Avez-vous bientôt fini ?