Le 18 juin 1940 à Munich, tout s'était passé comme si Hitler n'avait eu d'autre souci que d'aller au-devant des espoirs du nouveau gouvernement français qui venait la veille de solliciter un armistice. Il déclara à son compère Mussolini qu'il allait faire un « pont d'or à la France » : elle ne serait pas occupée en totalité, elle serait désarmée certes, mais elle aurait la garde de ses bateaux une fois rentrés au port et elle s'administrerait elle-même sur tout son territoire, outre-mer compris. Lorsqu'il eut connaissance de ces conditions, le gouvernement de têtes militaires présidé par le Maréchal Pétain signa des deux mains.
L'intention de poursuivre la lutte outre-mer avait été, en France, celle du président du Conseil en fonction jusqu'au 16 juin, Paul Reynaud, celle de ses principaux ministres et aussi celle du Président de la République et des présidents des Assemblées parlementaires. Leur départ pour l'Afrique du Nord avait été organisé dans les moindres détails. Outre-mer, cette volonté était partagée par tous les responsables civils et militaires, au premier rang desquels le Général Noguès. S'il se résolut « la mort dans l'âme » à l'armistice, ce fut d'abord parce que le concours de la Marine, promis puis retiré par l'Amiral Darlan, lui fit au dernier moment défaut.
Si De Gaulle resta longtemps bien seul, sa vision stratégique et sa perception de l'honneur du pays furent sur le moment beaucoup plus largement partagés qu'on le croit encore aujourd'hui.
L'auteur revient sur les circonstances de l'armistice, les acteurs responsables de ce choix, les réactions et les conséquences de la signature.