A la gare comme à la gare

À la gare comme à la gare, Inédit. Revue théâtrale en un acte. En collaboration avec Albert René. Texte inédit. Revue représentée au Théâtre des Mathurins le 24 Juin 1899

LE CHEF DE GARE, puis LA POIRE, puis LA DAME

LE CHEF DE GARE est assis à son bureau. Il s'est endormi en lisant son journal. Une sonnerie électrique prolongée retentit. Il change de position mais sans se réveiller. On entend au loin le sifflet d'une locomotive puis le bruit d'un train qui arrive et s'arrête.

LE CHEF DE GARE, toujours endormi et d'une voix inintelligible.

Les voyageurs pour Bredouilly, Badapoum, Patati, Patata... en voiture !... (Le train siffle. Toujours endormi, LE CHEF DE GARE répond par un coup de sifflet, puis machinalement fait un signal de départ, en agitant le fanal placé près de lui. Imitation du train qui part - il se réveille à moitié, bâille et s'étire.) Ah ! voilà le train qui arrive ! (Il se lève, va voir à travers la vitre de la porte.) Non ! il s'en va. Ça n'a d'ailleurs aucune importance. Il ne descend jamais un voyageur ici. Il n'en monte jamais non plus : cette station est le fruit d'un ingénieur de beaucoup de goût qui l'a construite parce que, disait-il, cela ferait bien dans le paysage. Aussi, quand il fallut me résoudre à entrer dans l'administration, m'empressai-je de solliciter le poste de Machinville. C'est une des rares situations qui conviennent à mon genre d'activité, car je ne dois pas vous le dissimuler (II se frotte les reins.) Je suis bigrement fatigné ! Ah ! les femmes ! Et maintenant je vais me coucher - seul, hélas !

(On entend un bruit de voix dehors.)

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