ANNWENN

Lorsque Lola s'effondre terrassée par d'atroces douleurs, la jeune fille effacée et complexée surnommée Boule Rousse, est loin d'imaginer que sa vie vient de basculer définitivement dans les ténèbres. Elle va tout perdre ; tout et jusqu'à son nom.

Désormais confrontée aux puissances occultes du Monde, celles qui hantent les plus sombres légendes, elle va devoir apprendre vite et seule, car il n'y aura personne pour lui révéler ce que sont ces êtres qui s'acharnent à la faire disparaître à tout prix ; personne pour lui révéler ce qu'elle est :proie ou prédatrice ?

Elle pourra heureusement compter sur l'affection de sa nouvelle famille et sur l'attention d'Erwan. Mais pour combien de temps ?

« Je m'éveille en sursaut. Mon cœur bat violemment dans ma poitrine. J'ai un moment de panique. Je ne comprends pas ce qu'il se passe. Je me redresse dans mon lit et me force à respirer lentement. Il faut deux ou trois secondes pour que tout se connecte dans ma tête et que je prenne conscience de ce que mes sens ont commencé à me transmettre durant mon sommeil. Et pour me rendre compte que ce n'est pas un rêve.

J'entends de faibles bruits métalliques, des respirations rapides, des chuchotements : plusieurs personnes sont devant la porte de l'appartement, à l'autre extrémité du couloir ; je crois qu'ils sont en train de forcer la serrure. Ils pensent être silencieux, mais moi je les entends et je les sens, comme s'ils se tenaient là, au bord de mon lit.

Je demeure immobile, haletante. Je ne parviens pas à réagir. Je suis comme engluée dans un état de semi-éveil. Je tente de me convaincre que ce n'est pas vrai, que c'est un rêve. Ou plutôt un cauchemar. Il me suffirait de crier pour que mes parents s'éveillent.

La porte d'entrée de l'appartement s'ouvre doucement. J'entends quatre personnes. La lumière de leurs lampes filtre sous ma porte. Ils viennent pour moi, j'en suis sûre, je le pressens. J'ai déconné, je n'aurais jamais dû suivre mon père. Je n'aurais jamais dû me faire remarquer.

Je réagis enfin. Je bondis hors du lit. « Effet de surprise » m'a dit Bintou. Je regarde autour de moi. C'est une chambre de fille, il n'y a ici rien qui puisse servir de moyen de défense. Si ! Mon regard se pose sur Hermione Granger, brandissant sa baguette magique, fringante dans sa tenue de Poudlard. Il s'agit d'une figurine en résine, de trente ou quarante centimètres de haut, fixée sur un socle carré en je-ne-sais-pas-quoi de très dur et très lourd. J'empoigne fermement Hermione par le torse ; elle va faire une masse d'arme très convenable.

Le temps que je cherche de quoi me défendre, les intrus ont atteint la chambre de mes parents. Qu'est-ce qu'ils... Oh ! Mon Dieu ! Le souffle me manque. L'odeur du sang m'assaille. J'ai entendu distinctement le gargouillis de leur trachée ouverte ; le cri étouffé de ma mère.

Un froid immense m'envahit, qui engourdit mon esprit et mon cœur. Je cesse de penser et de réfléchir. Mes émotions cessent de me faire mal. Seul les mots de Bintou sont présents ; ils emplissent ma tête encore et encore : « effet de surprise, Lola. Effet de surprise... »

Je me plaque contre le mur, près de la porte de ma chambre, côté poignée. J'assure ma prise sur Hermione et la brandis à deux mains au-dessus de mon épaule gauche. Et j'attends. Je sens des larmes qui coulent sur mes joues, mais je ne ressens plus rien. Je ne suis plus que cette figurine prête à s'abattre.

De l'autre côté de la porte, les intrus s'approchent. Ils marquent une pause. Je sens la même odeur de sang et de pourriture que celle de l'épouvantail de hier matin ; et des odeurs de métal et de graisse.

Un cliquetis métallique résonne. La porte s'ouvre violemment... »

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