Pendant près d'un demi-siècle, l'Europe n'a entendu parler des États-Unis que pour apprendre qu'il existait par-delà l'Atlantique une nation libre et tranquille, uniquement adonnée aux arts de la paix, croissant avec une rapidité merveilleuse, offrant le spectacle d'une prospérité sans exemple. Des partis divisés par d'insaisissables nuances, unanimes sur toute question d'honneur ou d'intérêt national, mesurant leurs forces dans les luttes pacifiques du scrutin, acceptant la victoire sans exaltation et la défaite sans murmures, tel était le seul tableau qu'eût à tracer l'historien. Aujourd'hui tout bruit qui vient d'Amérique nous apporte l'écho de querelles acharnées, comme un retentissement lointain de la guerre civile. Journaux du nord et journaux du sud n'échangent que des provocations et des menaces.