Adam, Eve et Brid'Oison, de Paul Margueritte, sont, de l'aveu de l'auteur, des « pages vouées à l'affranchissement de la femme », réflexion militante sur l'image dévalorisante de la femme que les mœurs, l'instruction, les lois continuent à entretenir alors que la guerre, qui l'a concrètement affranchie de l'homme, a montré quelle place elle est capable de tenir dans la société, non seulement professionnellement mais aussi politiquement, et surtout « dans son être intime et profond, dans son essence même ». Cet aspect est dans la droite ligne du titre allégorique : Adam et Ève représentent « tout ce qui fleurit en nous de libre et de naturel » tandis que le nom évocateur de Brid'oison renvoie à l'oison bridé à qui l'on passe une plume dans le bec pour l'empêcher de franchir les clôtures et les haies. C'est ainsi par les pages consacrées à la jeune fille, à la sexualité et à la nécessaire éducation sexuelle, au droit à l'amour, au droit à l'enfant, au libre choix du mariage, que ce texte est à la fois précurseur et d'une curieuse modernité.