La bruyante agitation dont souffre en ce moment l'Allemagne semble mettre en danger la constitution fédérale, œuvre de 1815. On en conteste la valeur au-delà du Rhin, en même temps au nom d'une tendance suspecte vers une centralisation dont on n'a pas encore fait l'épreuve et au nom d'un particularisme qui exagère peut-être ses droits. Un trouble profond peut naître de cette agitation pour l'Allemagne ; va-t-elle découvrir que les conditions politiques et sociales au milieu desquelles elle a vécu ne convenaient pas à son génie, ou va-t-elle déclarer qu'elles ne lui conviennent plus et qu'elle en réclame d'autres ? Tendra-t-elle à conserver, en la modifiant, une forme de gouvernement qui a paru jusqu'à ce jour adaptée à ses mœurs, ou bien se précipitera-t-elle dans un abîme où l'on peut craindre qu'elle ne perde son originalité propre ? N'y a-t-il pas un certain équilibre qu'on lui souhaiterait volontiers, à égale distance soit d'une attache superstitieuse au passé et des nouveautés téméraires, soit des excès divergens vers lesquels inclinent ses tendances naturelles ? L'Autriche et la Prusse font, chacune de son côté, des rêves ambitieux ; les états intermédiaires s'interposent au nom des intérêts particuliers : où est l'unité praticable, et que doit-on penser de la constitution actuelle ? On ne saurait hasarder aucune sorte de réponse avant d'avoir recherché sous quelles influences et dans quel accord avec le caractère delà nation allemande s'est formée l'œuvre de 1815.