Il y a un mois, la session du parlement anglais se traînait péniblement vers sa fin, sans qu'aucun signe extérieur annonçât que la politique fût, au dedans ou au dehors, à la veille d'une crise. Au dedans, les chartistes et les socialistes continuaient bien à prêcher leurs doctrines, mais froidement et en hommes qui sentent que leur temps n'est pas venu. Au dehors, l'affaire d'Orient n'avait pas cessé de fixer l'attention, mais la négociation Brunow semblait avortée, et toute crainte d'une rupture entre la France et l'Angleterre indéfiniment ajournée. La situation chaque jour plus faible du ministère whig, et l'attitude chaque jour plus confiante du parti tory, tel était le sujet presque unique de la préoccupation générale, celui qui devait défrayer les banquets politiques pendant l'intervalle des sessions. Tout à coup une nouvelle inattendue a retenti, et en Angleterre comme en France, l'agitation a succédé au calme, et l'inquiétude à la sécurité.
Cette nouvelle, la voici dans ce qu'elle a de fondamental, et je le crains, d'irréparable. Depuis la révolution de juillet en France, et la réforme en Angleterre, une alliance honorable, utile, féconde, avait réuni deux grands peuples long-temps divisés, mais qui semblaient enfin comprendre enfin ce qu'ils valent l'un et l'autre, et renoncer à de vieilles antipathies.