Je tenais à voir Anita, et Salinas était à une distance de dix bonnes lieues de Monterey. Je n'avais que vingt-quatre heures d'avance sur la colonne, et il m'était tout à fait impossible de penser à faire trente lieues en un jour sur mon cheval qui était déjà fatigué, et de pouvoir reprendre ensuite la route avec mes compagnons d'armes.
J'étais furieux de ce contretemps, quand je me rappelai fort à propos que j'avais une cinquantaine de dollars dans mes goussets. À Monterey, un bon mustang s'achète et se vend pour deux onces d'or.
Je trouvai tout de suite un maquignon qui me fournit une monture respectable pour vingt-cinq dollars, et après avoir confié mon fidèle Pedro mon cheval aux soins du garçon d'écurie de l'hôtel San Fernando, je me préparai à prendre la route de Salinas.
On me fit bien remarquer que les Chinacos avaient été vus dans les environs depuis quelques jours, mais, quand on est militaire et amoureux, on se moque de tout même et surtout des choses les plus sérieuses.
J'étais donc décidé à tout braver, fatigues et juaristes, pour avoir l'ineffable plaisir de contempler pendant quelques instants les yeux noirs de ma novia.
Je plaçai de nouvelles capsules sur mes revolvers américains, et je pris une double ronde de cartouches pour ma carabine Spencer...