Antrhroposmermie

Les illusions du progrès s'imposent dans une société sans spiritualité, où le citoyen émancipé disparaît au profit du seul consommateur technophile livré à la stupéfaction et aux succédanés ; où la frontière entre la réalité et la fiction est assez poreuse pour ne plus les distinguer au risque de provoquer sinon des catastrophes, du moins une vaine déperdition d'énergie. C'est ce qui se produit dans cette fiction quand les chercheurs les plus zélés des industries du magnat Arlon Dusk en charge du projet anthropospermie ~littéralement dissémination humaine~ confondent avec la réalité les inventions d'une série de science-fiction produite par les studios Disflix.

« ... ce n'est pas que le monde soit en perdition, que la planète se meure... ou qu'on l'empoisonne... tout ceci est d'abord une conséquence de l'humeur et de la sentimentalité... c'est surtout l'humanité qui se ronge elle-même... comme la bête prise dans le piège finit par se dévorer... parce qu'elle n'a plus n'y lieu, ni feu, ni dieu... L'humanité n'a plus foi en rien... sauf peut-être dans la technologie... mais déjà le pic est passé... personne n'avait prévu la faillite de Facebook ou de Google... J'ai créé Dusktube ou Duskrumor... parce que je suis resté solidaire de la liberté, et que la dérive totalitaire était manifeste... alors à la fin, les gens se sont désintéressés, et il a juste fallu que l'audience baisse de pas grand chose pour que les valorisations soient liquidées... Parce que nos entreprises sont en réalités des coquilles vides... Même Narcisse a été vaincu par l'ennui de la contemplation de soi-même... Mais l'humanité doit retrouver le goût des grands projets...

Toto Montbriard n'avait pas encore conscience d'être réveillé, mais, depuis quelques temps déjà, il entendait un étrange discours, résonnant comme dans un hangar, haché, dit d'une voix propice à la scansion, dont il n'avait pas assez le souvenir pour la reconnaitre aussitôt. D'autre part, Toto ignorait s'il avait les yeux ouverts, mais, là où il se trouvait, il faisait très noir. En essayant de bouger, Toto comprit enfin qu'il était entravé et avait une cagoule sur la tête. De plus, il avait froid. Toto sentait un courant d'air et perçut qu'il était au moins partiellement déshabillé. Au minimum, on lui avait laissé le torse couvert, mais, à coup sûr, attachés à la chaise, ses pieds et ses jambes étaient nus. »

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