Celui qui donnait ces ordres était un jeune homme qui paraissait âgé
de vingt à vingt-deux ans ; de longs cheveux blonds séparés sur le front
tombaient en ondulant de chaque côté de ses joues blanches et maigres ;
toute sa figure portait l'empreinte de ce?e tristesse fatale qui s'a?ache
au front de ceux qui doivent mourir jeunes. Son manteau bleu, en l'enveloppant,
ne le cachait pas si bien qu'il ne laissât apercevoir les signes de
son grade, deux épaule?es de général ; seulement ces épaule?es étaient
de laine, les officiers républicains ayant fait à la Convention l'offrande patriotique
de tout l'or de leurs habits. Il était courbé sur une table, une carte
géographique était déroulée sous ses yeux, et il y traçait au crayon, à la
clarté d'une lampe qui s'effaçait elle-même devant la lueur de l'incendie,
la route que ses soldats allaient suivre. C'était le général Marceau, qui,
trois ans plus tard, devait être tué à Altenkirchen...