Deux jeunes hommes désirent la même femme, qui les désire tous deux...
Extrait
Un soir, un jeune seigneur aux yeux tristes, Abdallah, prit la femme et la maison.
Il avait frappé à la porte. Il avait dit: «Tu fais quoi?» «Je lis, je travaille.» Il avait dit: «La nuit, c'est fait pour faire l'amour.» Il avait dit ensuite: «Ce soir, c'est mon anniversaire. Tu seras mon cadeau.» C'est comme ça que ça avait commencé.
Boujma est venu peu à peu, comme par cooptation. Abdallah voulait montrer à son copain son pouvoir, ou sa chance. Il avait eu la femme, la maison.
D'abord, Boujma vint le jour. Il restait un moment, puis disparaissait. Comme un chat.
Un soir, Boujma s'installa à la table, commença à réduire les feuilles d'herbe, avec un soin rompu à l'habitude.
Il s'interrompait parfois, suspendait son geste pour envoyer la réplique à l'autre, qui lui parlait. Boujma jouait de la sentence et de l'ironie. Je ne comprenais rien. Il riait, et reprenait sa tâche.
Ma fatigue gagna. Je restai debout sur le seuil de la chambre. Leur image se fixa en moi. Boujma se mit à écrire.
Je me suis couchée. Plus tard, Abdallah entra, portant avec lui la flamme de la bougie et l'ombre de la flamme.