Carnets de terrain d'un géologue

Seule et fort âgée, la narratrice, Lucie, confie à sa jeune amie Camille combien elle se désole de ne savoir que faire des documents qui encombrent le lieu où elle vit, et s'attriste du manque d'intérêt que son entourage manifeste pour eux.

Camille en « fera quelque chose », réinventant, ou reconstituant, quelques épisodes de la vie conjugale et familiale de Lucie, marquée notamment par une extraordinaire connivence avec son mari et son fils. Avec Pierre, géologue, Lucie, femme très sensible et cultivée, aimant la musique et la poésie, aura créé pour ses enfants un environnement où la réflexion sur l'histoire et le divin vont prendre une place presqu'aussi importante que les minéraux qu'ils vont observer.

Le récit suit donc le chemin des événements qui jalonnent la vie de cette famille, comme autant de bornes de pierres.

Dans la première partie, intitulée Pierres d'achoppement, Lucie évoque la blessure que Pierre, un moment, leur a infligée, à elle et à son fils souffrant et introduit le récit de la structuration des relations familiales autour de l'insaisissable maladie qui l'a atteint, enfant.

Suivront Pierres de soubassement, où Lucie relate comment, pendant la guerre, elle a tâché de compter « les jours sans père » à l'aide de petits cailloux, puis comment elle a rencontré Pierre, qui deviendra son mari, et à qui elle permettra de réaliser son rêve de devenir géologue ; enfin elle évoque sa relation avec son père, fondatrice, et celle de son père avec ses petits fils, notamment avec le petit malade. Les épreuves de l'un « ricocheronnt » sur l'autre, et l'achèveronnt peut-être...

Les événements marquants de sa vie de famille constituent les autres pierres du chemin de Lucie. Ainsi le beau-père antipathique se casse-t-il une dent sur une pierre que les enfants auront laissée dans les lentilles ; les squelettes fossilisés de deux petits dinosaures étrangement lovés l'un contre l'autre apparaissent sous le scanner dans une grosse pierre ramassée sur le terrain ; la visite des alignements de Carnac donne l'occasion d'entrevoir l'érudition du père et de la mère, et la famille interrogera la relation des hommes et des Dieux, « des Dieux au cœur de pierre », dit l'un des personnages ; toutes les pétrifications trouvées à Pompéi font réfléchir la famille sur la vie arrêtée en plein vol et sur la constance des préoccupations et des comportements humains ; enfin Peyrapertusès met en scène les relations avec un beau-père borné et une belle-mère avide d'histoires.

L'histoire se termine devant la Pierre tombale du fils. Un granite.

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