Extrait :
Cécile, qui comprit parfaitement bien où il en voulait venir, était trop révoltée de sa profusion et de son peu de délicatesse, pour avoir la moindre envie de rien changer à la destination de l'argent qu'elle venait de recevoir : elle se contenta simplement de dire que cela était bien fâcheux. Oh ! il n'y a réellement rien au monde de plus désespérant, s'écria-t-il ; car l'intérêt exhorbitant que je serai obligé de donner à un de ces usuriers, sera autant d'argent dépensé en pure perte.
Cécile, continuant à ne faire aucune attention à ces différentes insinuations, se mit à déjeûner. M. Harrel dit alors, qu'il prendrait le thé avec elles ; un moment après il s'écria, comme se rappelant tout-à-coup quelque chose qu'il aurait oublié : Bon dieu ! à présent que je m'en ressouviens, il me semble que vous pourriez facilement, miss Beverley, me prêter vous-même cette somme pour un jour ou deux. Cécile, quoiqu'extrêmement généreuse, n'était cependant pas dupe, et n'aimait pas à s'en laisser imposer : le procédé de M. Harrel lui parut si bas, et sa ruse si grossière, qu'au lieu de lui accorder, avec sa politesse ordinaire, ce qu'il demandait, elle répondit très-sérieusement, que l'argent qu'elle avait reçu la veille était destiné d'avance, et qu'elle ne pouvait plus en disposer. M. Harrel très-piqué de cette réponse, qui n'était point telle qu'il se l'était promise, chargea un laquais d'aller chez M. Zacharie, pour le prier de venir sur-le-champ lui parler.