Chronique d'une mort accompagnée

Le mercredi 22 novembre 1995, entre la dix-huitième et la dix-neuvième heure, je m'aperçus que je ne retrouvais plus mon trousseau de clés. Je l'avais laissé sur mon bureau, comme d'habitude, en compagnie de mon briquet, du porte-cigarettes et du stylo en argent, tous trois cadeaux de ma fille. De retour des lavabos, prêt à quitter mon bureau, je cherchai en vain et de tous côtés ces clés qui avaient mystérieusement disparu. Aujourd'hui encore, près de six mois après, j'ignore toujours ce qu'il advint de ce trousseau : glissade malencontreuse dans le sac-poubelle de l'homme de ménage ou larcin d'un kleptomane ? Ce que je sais, par contre, c'est toute la dérision de la panique et de la colère qui s'emparèrent alors de moi. Sans doute est-ce un effet de la malice du hasard que vous vous souciez outre mesure des inconvénients d'une charmante petite brise alors que vous vous apprêtez à mettre votre voile dans un terrible maelström, bien sûr sans le savoir. Je venais de perdre mes clés. L'aurais-je seulement remarqué si l'on m'avait dit que la perte de ma femme était déjà programmée ? Chronique d'une mort accompagnée est une histoire vraie et rêvée, la quête d'un homme pour son amour. Montrevel scrute la douleur, la mort. Cette bâtarde a toujours raison. Ce récit raconte heure par heure les attentes, les soins respectueux des infirmières, la dernière chambre pour les ultimes souffles de la vie, la fraternité insoupçonnée « avant la nuit de la solitude ».

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