Le 23 juillet 1840, M. Guizot, ambassadeur à Londres, écrivait au ministre des affaires étrangères les paroles que voici :
« Lord Palmerston a vécu long-temps dans la confiance qu'au moment décisif, quand cela deviendrait sérieux, la France cèderait et ferait comme les quatre autres cabinets. A cette confiance a succédé celle-ci : les quatre cabinets feront ce qu'ils entreprennent ; la France deviendra tranquille, et, l'affaire faite, malgré et après l'humeur, la France rentrera dans ses bonnes relations avec l'Angleterre. La paix de l'Europe n'aura point été troublée ; l'Angleterre et la France ne seront pas brouillées, et l'Orient sera réglé comme l'Angleterre l'aura voulu. C'est un défilé plus désagréable que dangereux.
« Tenez pour certain que telle est la confiance de lord Palmerston, et celle qu'il a fait partager à ses collègues. »
Il y avait là deux prédictions : l'une, qu'au jour du danger, la France abandonnerait sa politique et laisserait faire ; l'autre, qu'après avoir laissé faire, elle s'en consolerait vite et rentrerait avec empressement dans ce qu'on appelle le concert européen. On sait que la première est accomplie depuis dix mois. La seconde vient de s'accomplir à Londres le 13 juillet dernier, entre un discours injurieux pour la France par le ministère qui s'en va, et un discours hostile à la révolution par le ministère qui arrive. C'est pour lord Palmerston un dernier triomphe, et pour sir Robert Peel une première satisfaction.